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Quotidien -->> L'apprentissage de la propreté

 

Voir aussi: "Propreté", "malpropreté" du chien... question de point de vue!

 

L'apprentissage dit "de la propreté*"

Ou plus exactement de l'élimination différée

 

Vous comptez peut-être acquérir un chiot (ou bien vous l’avez depuis peu) et s’impose pour vous qu'il apprenne ce que nous appelons la "propreté*". 

Ce premier grand apprentissage n’est pas toujours facile à faire pour le jeune animal qui vient d’être propulsé chez vous, alors qu’il a été arraché brutalement à sa mère et sa fratrie en perdant tous ses premiers repères de vie. Désorienté, il a avant tout besoin de tranquillité émotionnelle pour aborder ce difficile apprentissage. 

C’est dans l’accueil spontané, tendre et indulgent de ses nouveaux propriétaires (mais pas leur toute permissivité pour autant !) que le chiot trouve cette tranquillité et peut ainsi reporter sur eux l’attachement qu’il avait pour sa mère et sa fratrie.

C’est sur cet attachement qu’il vous revient de bâtir la confiance en vous de votre chiot, parce qu’un apprentissage ne se réalise jamais mieux que dans la confiance.

* Le mot "propreté" étant en réalité impropre! pour parler du comportement d'élimination d'un animal... quant au mot "malpropreté" à l'adresse d'un chiot ou d'un chien, il est impropre lui aussi et abusif!

 

Mais au fait qu’entendons-nous par « propreté* » du chiot ?

 

Pour lui, "propreté*" signifie ne pas faire sur les lieux de couchage et de nourriture. C’est ce qu’il a déjà appris avec sa mère chez ses éleveurs (dans le cas des meilleures conditions d’élevage).

En effet, dès la naissance et tant qu'ils tètent, les chiots sont incapables d’éliminer seuls spontanément. C’est leur mère qui provoque l’élimination et en absorbe les produits, tenant ainsi le couchage propre. 

Dès que ses chiots commencent à manger une nourriture solide, elle n'ingère plus leurs déjections et les pousse alors à aller faire leurs besoins en dehors du nid

Si vous l'accueillez à 8 semaines (âge minimum légal de vente) le petit animal est donc déjà "propre", car il ne faisait plus ses besoins dans le nid.

Le chiot doit donc s’ajuster sur notre point de vue de la propreté quand il arrive dans nos maisons : c'est-à-dire faire ses besoins en dehors de l’habitation. Il s’agit pour lui d’élargir jusqu’en extérieur l’espace entre le nid où il n’élimine plus et l'endroit où il pourra se soulager.

Pour qu'il puisse accéder à ce que vous attendez donc de lui, et toute manière forte ne favorisant jamais les apprentissages, c’est dans le calme que vous devrez procéder pour son bon équilibre.

* Le mot "propreté" étant en réalité impropre! pour parler du comportement d'élimination d'un animal...

 

Préalable pour faciliter l’apprentissage d'éliminations différées 

  • Distribuer la nourriture selon un protocole précis et à heure fixe afin de mieux gérer l’élimination.

Pour une bonne régulation du comportement alimentaire du jeune animal, en dehors des repas de la famille (où l’on ne donne rien au chiot), on le laisse manger seul au calme et on lui retire sa gamelle ¼ d’h plus tard, qu’elle soit vide ou pas, et même chose aux repas suivants (toujours en laissant l’eau disponible).

Sachant que le chiot se soulage habituellement après ingestion de nourriture, on facilite donc son apprentissage de la propreté en le sortant à ces moments là.

  • Limiter l’espace que le chiot peut occuper (surtout en votre absence) et décider d’un lieu de couchage.

C'est ainsi réduire les zones que le jeune animal peut souiller (ce qui ne veut pas dire qu'il faille le mettre dans une cage ou une boîte de transport, même si c'est souvent conseillé! y compris par certains éleveurs!!). Que ce soit pendant vos absences, pour le repos en journée ou pour la nuit, la cuisine est souvent la pièce retenue comme lieu de couchage parce que facile d’entretien. 

Un chiot dort beaucoup, il va donc s’y reposer de nombreuses heures et souhaite se soulager presque automatiquement à chacun de ses réveils. Le sortir juste à ces moments là, garantit une fois encore d’obtenir facilement des éliminations.

  • Prévoir un « carré d’aisance »

Un chiot de 8 semaines ne peut pas se retenir plus d’1h ou 2 dans la journée, 3 ou 4h la nuit, et il ne faudra pas attendre de lui une réelle capacité à se retenir plusieurs heures avant l’âge de 6 mois.

Si l’on peut le sortir après les siestes, les repas ainsi qu’après les séances de jeux (où le chiot éprouve aussi facilement le besoin d’éliminer) il est aisé d’obtenir en quelques semaines un jeune animal qui se soulage facilement dehors.

Être aussi disponible n’étant pas toujours possible il faut donc prévoir qu’il va naturellement se soulager dans la maison, sans qu’évidemment cela soit à punir (puisque c'est un besoin naturel).

 

Si l’on doit s’absenter plusieurs heures (ou si l’on habite au 6è sans ascenseur !) on peut délimiter un « carré d’aisance » (dans la cuisine, sur la terrasse, etc.…) matérialisé par du papier journal ou une serpillière par exemple, suffisamment espacé de sa gamelle d’eau. Stimulé par l’odeur des ses précédentes éliminations à cet endroit là, il y reviendra plus volontiers.

Cette méthode arrange de nombreuses personnes, mais il est évident qu’elle retarde le chiot dans son apprentissage à éliminer en extérieur. Il « apprend » en quelque sorte que c'est "permis" de faire son pipi ou sa crotte dans la maison ! Or on cherche précisément à lui faire comprendre le contraire...! Il faudra donc beaucoup d’indulgence quand il s’éternisera un peu à « devenir propre » ! 

C’est le cas des chiots venant d’animaleries, souvent plus longs à être "propres" à la maison car ils ont été tenus captifs dans de petits boxes, où ils étaient contraints de faire leurs besoins sur le lieu de couchage. Ils y ont fait littéralement « l'apprentissage forcé » de : «Je fais là où je suis». Le chiot doit donc défaire ce qui a été « appris » et réapprendre « la bonne manière » en accord avec les critères humains de la propreté : patiente et indulgence donc.

 

Sortir le chiot souvent et dès son plus jeune âge (mais pas dans n’importe quelles conditions)

 

Puisque le chiot élimine spontanément après ses repas, siestes et parties de jeux, s’il se met à tourner en flairant le sol après l’un de ces moments, mieux vaut réagir promptement et le sortir de suite !

Au début de l’apprentissage choisissez de le conduire en laisse toujours aux mêmes endroits un peu tranquilles et propres si possible, pour qu’il s’y familiarise et puisse trouver confiance pour s’y poser.

Pour apprendre à éliminer dans n’importe quel environnement extérieur, un chiot a besoin d’être assez assuré en lui, et sa confiance en vous au bout de la laisse l’y aidera.

Les endroits bruyants, très fréquentés de gens et de congénères perturbent et distraient le chiot... idem quand on cherche à jouer avec lui lors de toutes les sorties... il se soulagera sûrement en rentrant à la maison ! On est tellement plus tranquille chez soi !

 

N’attendez pas les deniers vaccins pour le promener ! Il y a plus à craindre à ne pas poursuivre une bonne socialisation au milieu extérieur en ne le sortant pas, qu’à le maintenir à l’intérieur par peur des infections possibles. 

Il est pour cela conseillé de le sortir avant ses 3 mois. Le risque infectieux est minime par rapport à celui de vous retrouver avec un chiot qui ne saura pas aborder sans crainte les sorties en milieu urbain surtout, parce qu’il n’y aura pas été familiarisé assez tôt.

Risque encore majoré s’il vient d’un élevage isolé en campagne où il n’a pas été en contact du tout avec les bruits de rue.

Sans pour autant le conduire tout de suite faire ses besoins sur les trottoirs les plus fréquentés ! (parce que justement souvent les plus sales) il y a urgence à le confronter progressivement à toute situation qu’il sera amené à vivre plus tard.

Il deviendra ainsi un chien équilibré en toute occasion et environnement, capable de faire ses besoins en laisse où que vous alliez.

Et même si le chiot dispose d’un jardin, cela ne dispense surtout pas de le sortir dans la rue pour les raisons précédemment exposées.

 

Comment procéder 

 

Une fois repéré « le bon endroit » propre et tranquille, promenez-y le chiot en le laissant flairer, sans marquer votre impatience qu’il percevrait finement et qui ne ferait que le stresser et certainement pas se soulager rapidement. 

Pour éliminer, il peut préférer un sol absorbant, sableux ou avec petits cailloux ou bien de l’herbe (pas toujours facile dans les grandes villes !) habitude qu’il a peut-être déjà pris chez ses éleveurs. 

Ramenez-le toujours à cet endroit là, et vous y obtiendrez plus facilement ses éliminations.

Dès que le chiot s’est exécuté, vous pouvez exprimer votre satisfaction avec un petit mot au ton doux (cela dit, sans que ce soit vraiment indispensable, car la réelle satisfaction/gratification du chiot a justement été celle de parvenir à se "soulager" et c'est cela le véritable renforcement de cet apprentissage). Vous pouvez alors poursuivre un peu la promenade toujours en laisse et très progressivement agrandir le périmètre d’exploration.

A proximité de lieu d’habitation, en ville, à l’intérieur de résidences, etc. prévoyez toujours vos petits sacs pour ramasser ses déjections. Vous participez ainsi à + de propreté et à faire aimer les chiens de ceux qui ne les voient que comme une nuisance !

 

Petit à petit vous rendez l’extérieur familier et positif et surtout sans rentrer tout de suite dès les besoins faits, au risque que votre chiot n’associe rapidement « pipi/caca » = fin de la balade !

 

Si le chiot se soulage à la maison : ne JAMAIS punir (un comportement naturel!)

 

A supposer que l’on soit assez disponible, il est bien sûr laborieux de sortir le très jeune chiot de 6 à 8 fois dans la journée (et 1 ou 2 fois la nuit !) si l’on n’a pas une maison avec jardin. Il y aura donc bien quelques « accidents » de parcours devant lesquels il est capital de réagir avec justesse, pour optimiser l’apprentissage

 

Que vous surpreniez ou non votre chiot sur le fait en train de se soulager, ne le grondez surtout pas. N’allez pas le frapper ou lui infliger la trop fâcheuse et trop pratiquée punition de lui mettre la truffe dedans ! Cela ne lui apprend rien sinon à vous craindre sans comprendre. S'il s'est soulagé il y a quelques instants il n'y associera pas votre soudaine colère, et s'il était en train de s'exécuter, il associera que c'est près de vous qu'il ne faudra plus éliminer (et non pas à cet endroit-là!)

La mine penaude qu'il adoptera à chacun de vos accès de fureur quand vous surprendrez un pipi dans la maison, ne sera (en langage chien) que l’attitude dite "de soumission" d’un chiot qui craint votre colère et souhaite votre apaisement. L'idée sotte et tenace qu'il "se sait coupable" et demande pardon ne doit pas vous effleurer, cette interprétation n’est qu’anthropomorphisme !!

Par contre si vous le voyez flairer, tourner et vouloir se poser n’importe où, prenez-le gentiment, emmenez-le dehors ou à l’endroit de l’appartement que vous avez prévu pour cela.

Le but est qu’il finisse par associer qu'il est bon pour lui qu’il se soulage à cet endroit là et pas ailleurs. Mais aussi et surtout qu’il ne craigne pas votre présence quand il a une envie qu’il ne peut retenir. Car alors il pourrait ne plus éliminer facilement en laisse dehors (craignant votre proximité), ou bien aussi chercher à dissimuler ses déjections de la nuit par exemple en les absorbant ! (Une des causes de coprophagie chez le chiot)

 

Quand vous ne l’avez pas surpris, contentez-vous de ramasser ou éponger hors de sa présence pour qu’il ne prenne pas votre position accroupie pour un appel au jeu !

Un nettoyage ensuite à l'eau vinaigrée est préférable à l'eau de javel dont l'odeur serait plutôt incitatrice à recommencer à cet endroit là !

Si l’on a pu offrir des conditions d’apprentissage optimales, le chiot parvient à différer ses éliminations entre l’âge de 5 à 6 mois, mais parfois un peu plus tard quand justement on le laisse seul de nombreuses heures (et qu'il peut continuer de se soulager sur son "carré d'aisance")..

 

Alors soyez indulgent avec votre chiot, ne punissez jamais pour cet apprentissage comme pour aucun autre, ceci n’est en rien éducatif ! 

 

On obtient bien davantage et plus vite, en récompensant un comportement souhaité, plutôt qu’en voulant punir le comportement non désiré.

 

Danièle Mirat - Caniconsultante

 

Texte publié dans le magazine "Santé Pratique Animaux" n°14 et dans le magazine "Molosses news" n° 31

 


 

"Propreté", "malpropreté" du chien... question de point de vue!

Quelques questions pratiques, affirmations et idées reçues et réponses courtes: Le chien sous toutes les coutures :