Le
risque le plus courant, est de penser que le chien se
comporte comme le ferait un être humain à sa place.
Exemples: Un déplacement et une approche rapide peuvent être considérés par le chien comme une
agression. C’est cependant souvent ainsi qu’ils nous voient avancer
vers eux (surtout les enfants !) parfois tout gai et tout sourire (je
dirais « toutes dents dehors ») ce qui se révèle plutôt menaçant
(du point de
vue canin)
Pourtant (de notre point de vue) qu’y a t’il là
d’inquiétant dans notre comportement ? à part cette innocente et
joyeuse précipitation à aller
spontanément vers l’autre !?
De
même que regarder l’autre droit dans les yeux pour un chien est carrément
une provocation, alors que nous trouvons qu’il n’est pas franc de ne pas
regarder l’autre en face !
Se frotter, s’appuyer de tout son corps, du museau ou de la
patte sur un congénère ou sur nous, peut nous sembler un geste
affectueux du chien. En fait, il n’en est rien, il cherche à
proposer son contrôle sur l’autre !
Quand un chien ne parvient pas à comprendre ce que l’on attend de lui, cela
suscite souvent sa peur. C’est capital de savoir bien reconnaître comme telle
cette émotion chez son animal, pour ne pas aggraver la situation. Il est juste
alors de se demander si nous avons été clairs dans nos demandes et si ce ne
sont pas tout simplement nos messages qui sont illisibles pour lui.
Ces
quelques exemples ordinaires de conduites canines en disent déjà long sur ce
qui différencie nos deux espèces, et comment spontanément nous les interprétons
de notre seul point de vue humain.
-
Sans la connaissance
des bases de l’apprentissage,
comment se faire bien comprendre de son compagnon ? le risque le plus
courant est de favoriser le langage verbal* (système de communication privilégié
des humains entre eux), alors que le chien utilise le langage non verbal** renforcé du para-verbal**.
« Tyson,
ASSIS ! » disait Marc à son molosse à tout bout de champ quand
celui-ci était agité… suivi en criant, de « je te dis de t’asseoir ! »
parce que Tyson ne s’exécutait pas de suite.. renforcé en hurlant: de
« bon sang, mais je t’ai dit ASSIS! »
Marc, débordé, affirmait que son chien ne comprenait rien, et surtout n’en
faisait généralement qu’à sa tête, et que « d’ailleurs c’était bien de sa
race »!
Les
choses se compliquaient singulièrement pour demander au chien de venir. Tyson
s’entendait brailler un « AU PIED ! » par Marc, un « viens là mon chien » par Valérie, et un « Tyson,
ICI ! » par Thomas leur fils de 15 ans
Inutile
de préciser que dans la maison, Tyson ne réagissait que de manière désordonnée.
Dans le jardin, n’en parlons pas, et en promenade il n’était pas lâché « car
il faisait exprès de ne pas obéir ! »
*Les
êtres humains communiquent entre eux principalement par la parole avec le choix
des mots (le verbal), mais pas seulement. Ils utilisent aussi
beaucoup les gestes (le non verbal) ainsi que les tons et les modulations
de la voix (le para-verbal). Ces 2 canaux de communication complémentaires
venant ponctuer, souligner, renforcer leurs propos.
**Les
chiens communiquent entre eux avec :
-
le non verbal
c’est à dire les postures, les mimiques, les attitudes,
les regards, la distance ou les rapprochements qu’ils
modulent avec
-
le para-verbal
c’est à dire des sons du corps
(aboiements, jappements, hurlements, grognements, gémissements etc.) dans un très vaste registre d’intonations,
rythmes et pauses.
En déplaçant et utilisant leur corps en une vaste gamme
gestuelle et sonore, nos chiens utilisent un langage
riche et varié pour exprimer leurs états émotionnels,
leurs besoins... |
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Même
si pour nos compagnons nos mots n’ont pas de sens, ils ont la capacité d’en
mémoriser un très grand nombre, et ils peuvent apprendre à les associer
à une action. Mais sans accès à la signification de nos propos, c’est donc
au ton de notre voix, à nos gestes et attitudes que le chien accordera la plus
grande importance.
Voilà
pourquoi avant d’affirmer que votre chien ne comprend rien, qu’il n’est
pas intelligent, mais "têtu", "paresseux" ou "indépendant", demandez-vous d’abord
si vous vous êtes bien fait comprendre.
Êtes-vous sûr d’avoir été clair
dans la manière d’obtenir ce que vous attendiez de lui ?
Pour
le faire rentrer du jardin, Marc et Valérie lançaient donc des ordres divers
pour attirer Tyson. Après quelques « viens là ! » et
« veux tu venir ici ! » sur un ton exaspéré, je les
voyais capituler rapidement et user ensuite de stratagèmes tels qu’agiter le
jouet préféré du chien ou l’appâter avec un morceau de fromage, et quand
enfin Tyson, hésitant, s’approchait, le saisir prestement pour généralement
lui crier dessus et l’obliger à aller dans son panier.
Ils
déployaient exactement tout ce qu’il faut faire pour que le chien ne revienne plus. Des ordres imprécis, sur un
ton rude, sans constance, suivis de projets destinés à tromper l’animal, qui
finalement se faisait capturer s’il tentait une approche et réprimander quand
ça n’était pas corriger ! il a fallut pas mal de temps pour que Tyson
retrouve confiance dans ses propriétaires ; avec des rappels proposés d’une
voix enjouée, accroupis en frappant sur les cuisses, en insistant jusqu’au retour de l’animal, avec récompenses systématiques
de friandises et sans se saisir du molosse mais au contraire en lui proposant
de repartir.
Pour
nous comme pour l’espèce canine, c’est la concordance de tous les systèmes
de communication employés qui crédibilise
le message et augmente sa capacité d’être perçu avec justesse.
Prenez l’habitude de formuler vos demandes avec toujours les mêmes mots simples, employés
par tous les membres de la famille, sur le ton qui
convient et avec les gestes incitateurs qui peuvent renforcer le signal.
Notez comme le ton employé pour l’apprentissage est capital. Une voix
forte et résonnante propre à stopper un élan, doit plutôt être réservée
à un « NON » ferme qui signifie au chien votre désaccord, mais pas
à un « VIENS ! »
qui doit être appris sur le ton de l’invitation joyeuse pour susciter son
empressement.
Les 2 demandes de base : « ASSIS » et
« VIENS », nécessaires tout au long de la relation du propriétaire et son chien, doivent être obtenus ainsi de manière agréable, instaurant la
confiance.
Si votre compagnon y réagit de façon souple, joyeuse et rapide (quelle que soit sa
préoccupation momentanée) ils serviront à tout instant et permettront ensuite
(pourquoi pas)
l’apprentissage aisé de multiples autres demandes.
On
peut facilement initier le chiot ou même un chien plus âgé
(il n’y a pas d’âge pour apprendre) à ces 2 demandes de base, au
moment de la gamelle. Lancer un joyeux «
Tyson, viens, viens Tyson ! » en faisant entendre le bruit des croquettes, rend
votre appel irrésistible.
Pour les renforcer, ces 2 demandes pouvant ensuite être renouvelées dans la journée sur le même ton agréable, jusqu’au résultat escompté (même si c’est
long) et récompensées par les caresses du regard, de la voix et de la main.
A
propos de tout apprentissage nouveau, commencez toujours
quand le chien est tranquille; ensuite plus cet apprentissage est fait et répété
favorablement pour l’animal, plus il s’installera vite et durablement, en des
séances courtes et renouvelées.
Procédez graduellement, commencez à la maison dans le calme, puis
progressivement à l’extérieur en zone tranquille, puis plus fréquentée donc plus
stimulante pour le chien. Ne faites jamais des demandes nouvelles
quand l'animal est stimulé par les enfants (ou des congénères) qui s’amusent non loin
par exemple !
Privilégiez
bien la gestuelle qui renforcent les signaux de la voix ; elle doit être
incitative, inventive, pourquoi pas farfelue ! les chiens aiment quand leur
propriétaire applaudit, s’accroupit,
écarte les bras, se cache derrière un obstacle…
Technique très simple pour apprendre une demande nouvelle: toujours précédé
du nom du chien, énoncez votre demande (ex: ASSIS) de préférence juste au moment où l’animal
fait de lui-même l’action désirée ; cela lui permet d’associer
rapidement ce mot à ce qu’il s’engage à faire.
En
récompensant sur-le-champ de la voix, d’une caresse et au début d’une
friandise en plus, vous avez toute chance de voir votre chien reproduire ce
comportement à votre demande.
Il ne perçoit pas ainsi vos demandes comme une contrainte, mais comme un plaisir de
communiquer, de partager des moments avec vous, car la satisfaction du chien c’est
l’attention de son propriétaire.
Attention ensuite, à rester neutre et ne pas récompenser maladroitement un
comportement appris que votre compagnon exécute de lui-même ; cela reviendrait
alors à répondre à ce qui serait une demande d’attention de sa part!
Sans les qualités de constance et de cohérence
qui vont avec, comment se faire respecter et avoir la coopération de son chien ? le
risque le plus courant est de croire que l’on se fera mieux aimer de son
compagnon si l’on est permissif avec lui.
Comme on le voit au cours de ce développement, c’est de cohérence dont le chien a
besoin. Le laisser sans direction, sans marche à suivre, à décider lui-même
de ce qu’il veut à la maison ou en promenade, n’est qu’irresponsable et néfaste
pour tous.
Vouloir être celui qui décide ne peut être que le fait d’une
personne avertie et avisée, constante et donc cohérente.
Comment espérer avoir la coopération de votre compagnon :
En
croyant qu’il vous comprend et en interprétant ses comportements
à tort ?
OU sans lui accorder ni le
temps ni la patience que nécessite tout apprentissage ?
Ou sans être cohérent, en
interdisant par exemple aujourd’hui, ce qui était autorisé la veille ?
Ou
en usant de la punition de manière inutile ou abusive ? (à ce sujet, je
vois des propriétaires punir leur chien pour quelque chose que celui-ci n’a pas fait ;
il ne peut pas comprendre qu’on l’agresse pour une « non
action » ! Ou punir un chien qui adopte une posture dite "de soumission" ...
cette posture chez le chien, étant entre congénères justement destinée à
éviter les agressions ! Punir ne devrait jamais être rien d’autre qu’ignorer
son chien, son plus grand confort étant l’attention de son propriétaire)
Danièle Mirat - Caniconsultante
Texte publié dans le magazine "Molosses news" n°27
Quelques clés supplémentaires: La communication
(rubrique
"éthologie")
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