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                De l’usage des colliers anti-aboiements 
        
          
                
                Les colliers anti-aboiements sont la plupart du 
                temps présentés comme inoffensifs, et c’est ainsi que le maire 
                d’une petite bourgade de l’Oise est même allé jusqu’à en proposer  le prêt gratuit dans sa commune (à l'été 2007).  
                
                Soutenus par certains professionnels, les 
                fabricants et revendeurs de ce matériel répressif en vantent et 
                garantissent l’usage facile et le coût modéré, pour des 
                résultats record et le tout sans dommage sur l’animal. 
                 
                  
                
                Peut-on raisonnablement se contenter de ces 
                arguments partisans et de cette facilité annoncée, sans 
                considérer la douleur et/ou la peur infligée(s) pour 
                parvenir à réduire la nuisance de ses aboiements… ? Certainement 
                pas, car l’utilisation de ces « machines à faire taire nos 
                chiens » peut n’être pas sans conséquence, à la fois sur les 
                chiens eux-mêmes, mais aussi sur leur entourage.  
                  
                
                
                
                Délinquant ? 
                
                Un chien qui aboie ou hurle est en pleine 
                expression de son état émotionnel (par exemple : peur, colère, 
                frustration, détresse de solitude) et de ses intentions 
                (maintenir ou rétablir une distance acceptable, alerter son 
                entourage d'une approche, faire savoir sa détresse ou son 
                inconfort …)  
                
                Informant ainsi autrui du contexte dans lequel il 
                se trouve, le chien « bruyant » n'est en rien à l'origine d'une 
                manoeuvre délinquante, mais plus justement dans une réponse 
                émotionnelle et comportementale à son environnement, au sens le 
                plus large du terme. 
                  
                
                
                
                Les divers matériels répressifs proposés à la vente  
                
                Des modèles de colliers avec ou sans réglage de 
                divers degrés dits pudiquement de « corrections 
                électrostatiques », envoient au chien un signal sonore et une 
                décharge électrique punitive à la moindre de ses vocalises, 
                source de stress à laquelle il ne peut échapper, même s’il 
                continue d’avoir motif légitime (pour lui) d'aboyer. 
                  
                
                Les appareils à jet de citronnelle qui expulsent 
                ce répulsif autour du nez du chien qui aboie, sont tout autant 
                nocifs que ceux qui envoient une décharge électrique. La 
                substance adhère en effet au pelage bien après l’aboiement, 
                continuant donc d’agir sans plus de rapport avec le signal qui 
                l’a déclenché, et laissant le chien sans possibilité de se 
                soustraire à cette odeur insupportable, pris entre ce qui le 
                pousse à aboyer et ce répulsif qui lui gicle au museau sans plus 
                le quitter !   
                  
                
                Exercer de manière punitive et sans autre 
                formalité, la contrainte d’une décharge électrique ou de 
                substance répulsive sur ce qu’exprime l'animal, peut certes 
                faire entrevoir une trêve immédiate dans les désagréments 
                coupables, mais occulte de manière simpliste toutes les 
                conséquences que peut avoir une telle répression des 
                comportements.  
                
                N’agir qu’au niveau du symptôme (ici, les 
                aboiements) sans chercher à travailler sur les diverses causes 
                qui en sont à l’origine, dévoile le peu de cas qui est fait de 
                l’animal lui-même, dans cette surenchère de stress qui lui est 
                imposée.  
                  
                
                
                
                Le symptôme risque de se déplacer  
                
                On observe des peurs et recherches de moyens de 
                fuite chez de nombreux chiens porteurs de ces colliers, ainsi 
                que des déplacements du symptôme-aboiement, quand l’animal 
                exposé au stress prolongé et/ou permanent des décharges 
                punitives, se voit débordé dans ses facultés adaptatives, et se 
                met en réaction à se retourner sur son environnement.  
                  
                
                Ces réflexes désordonnés pouvant prendre toutes 
                formes inattendues (autant indésirables que parfois dangereuses) 
                comme par exemple : creuser la pelouse ou déchiqueter les  
                végétaux, ou bien agresser le visiteur inattendu, le congénère, 
                le chat ou l’enfant qui court dans le jardin (malheureuses 
                victimes alors associées par le chien aboyeur, au surgissement 
                des décharges douloureuses).  
                
                On peut relater encore d’autres exemples de 
                glissement de l’aboiement vers d’autres comportements, mais 
                concernant cette fois l’usage parfaitement abusif d’un tel 
                matériel répressif, sur les chiens enfermés dans la maison et 
                vocalisant leur détresse de solitude  (car trop dépendants de leurs 
                propriétaires). Les décharges punitives empirent 
                systématiquement le désarroi de ces chiens, en affolant et 
                poussant certains à de maladroites dégradations sur portes, fenêtres et objets du mobilier, tout en 
                conduisant d’autres jusqu’à la panique (bavant, urinant et/ou 
                déféquant partout dans l’habitat).  
                  
                
                Autant que les mésusages par des utilisateurs 
                inexpérimentés, de possibles défaillances du matériel peuvent de 
                surcroît soumettre le chien à des décharges intempestives sans 
                lien véritable avec ses vocalises, concourant ainsi à le 
                sanctionner de manière aléatoire et disproportionnée, et sans 
                plus de rapport avec le but recherché. 
                
                Faut-il ajouter que sur le plan physiologique, 
                l'utilisation de ces colliers peut non seulement provoquer un 
                profond état de détresse mais aussi causer de véritables 
                blessures ou infections au niveau du cou du chien, surtout par 
                temps humide. 
                  
                
                Vers une démarche 
                éthique et responsable 
                
                Ces constats commandent donc d’adopter une 
                démarche plus responsable et respectueuse du bien-être animal, 
                pour résolution des problématiques de nuisances sonores par 
                aboiements.  
                  
                
                Dans cette optique, l’approche individuelle et 
                spécialisée, menée au plus proche du chien et de son 
                environnement familial par le Caniconsultant, permet de bien 
                cerner avec les propriétaires de l’animal, les diverses 
                situations causant les nuisances. Il y a toujours des moyens 
                pour réduire des aboiements, mais ils sont chaque fois 
                particuliers et à évaluer au cas par cas dans le respect de 
                l’équilibre émotionnel du chien.   
                
                Une telle évaluation personnalisée et ses 
                propositions de résolution associées, réunissent assurément les conditions 
                d’éthiques auxquelles les propriétaires et les professionnels 
                (Caniconsultants, éleveurs, vétérinaires, dresseurs, 
                éducateurs, toiletteurs) sont tous convoqués 
                  
                
                En conclusion
                 
                
                On peut voir dans le collier électrique une 
                solution simple et rapide pour venir réduire les vocalises 
                gênantes de son chien. Considérons cependant que cet outil 
                présente un risque potentiel de blessures et de développement de 
                réactivités désordonnées de l'animal, ce qui transforme alors 
                cette tentative de résolution des problématiques de nuisances 
                sonores, en maltraitance portant atteinte aux droits 
                fondamentaux du chien. 
                  
                
                Des 
                pays comme le Danemark, l’Allemagne ou l’Australie, etc... interdisent 
                ou restreignent déjà sévèrement l’usage du collier électrique. 
                La Suisse étend même cette interdiction (depuis 1999 !) à tous 
                les systèmes électroniques y compris ceux diffusant des odeurs 
                ou émettant des sons. A quand les mêmes mesures en France… ? 
                
                  
                
                Danièle Mirat - Caniconsultante  
                
                  
                
                
        Texte co-rédigé avec 
                Michel Quertainmont
                - Caniconsultant - et publié dans de nombreuses presses écrites 
                
                  
                  
                
                
                  Les Caniconsultant(e)s s'interdisent de faire la promotion de 
                colliers anti-aboiements et de tout matériel de répression: 
                
                
                  Code de 
                      Déontologie du ou de la Caniconsultant(e) 
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